La communautique ou l’art de changer le monde

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15 avril 2013

Note : Cet article vient de Découvrir, la revue de la recherche de l’ACFAS publiée en mars-avril 2010.

Pierre-Léonard Harvey est communauticien et directeur du doctorat de troisième cycle en communication à l’UQAM. Il s’intéresse aux tribus humaines d’Internet; tout particulièrement à leur capacité de construire collectivement des connaissances et à « designer » leur propre monde. Inutile de dire que désormais, avec le réseau des réseaux et les médias sociaux, son objet de recherche ne fait que gagner en pertinence. Pour parler de ces nouvelles formes d’organisation sociale, il propose, dans les années 1990, le terme communautique, une contraction des mots communauté, communication et informatique. Et pour soumettre le tout à la pratique, il a créera le Laboratoire de communautique appliquée, à l’UQAM, où il est professeur au Département de communication sociale et publique depuis 1993. Il dirige également une collection de livres qui se consacre à ce domaine aux Presses de l’Université Laval. Profondément marqué par l’idéal des Lumières, Pierre-Léonard Harvey s’intéresse d’abord et avant tout à la façon dont on peut utiliser la technologie pour générer du changement social.

Découvrir : Comment situez-vous philosophiquement les nouvelles communautés virtuelles?

Pierre-Léonard Harvey : Un peu à la manière des chercheurs japonais Iku­jiro Nonaka et Noboru Konno, j’utilise le concept de « Ba » en tant qu’espace virtuel multicontexte dédié à la création et à la communication des savoirs dans les communautés en réseau.

Par ailleurs, Karl Popper a beaucoup influencé la philosophie des sciences de l’information et ma propre vision. Tout particulièrement avec sa caractérisation du réel qui divise tout ce qui existe en trois mondes : le inonde 1 des objets physiques, comme les outils collaboratifs et les médias sociaux; le monde 2 de la cognition et de l’expérience subjective d’appropriation des artefacts; le monde 3, enfin, qui représente des » entités » comme les théories, les œuvres d’art, la culture, les bibliothèques, les institutions sociales et les systèmes d’activités humains, telles les communautés virtuelles. Mais il commence par poser la question ontologique que tout chercheur devrait se poser : Quel est l’objet que je veux comprendre?, avant même de se demander épistémologiquement comment il regardera cet objet. Pour ma part, cet objet, ce sont les communautés virtuelles en tant que systèmes sociotechnologiques dont on peut orienter le devenir par un design éthique. C’est un regard non seulement ontologique, mais aussi pragmatique.

Par exemple, pour aborder le réel des communautés virtuelles, on peut se demander si des systèmes sociaux ou des organisations virtuelles peuvent être abordés exclusivement selon la vision qu’adopte Popper lorsqu’il parle de trois inondes.

Sans prétendre m’attaquer au grand philosophe, don t la vision semble un peu trop positiviste, je dirais qu’il manque un monde : celui des systèmes sociaux en évolution, déjà identifié d’ailleurs par le philosophe allemand Jürgen Habermas dans les années 1980, lorsqu’il a créé sa théorie de l’agir communicationnel. Ces mondes sociaux, comme les communautés virtuelles, sont transformationnels et non uniquement des entités objectives statiques, fussent-elles collectives.

Au-delà du monde objectif en 3D qui nous entoure (monde 1), du monde mental propre à l’individu (monde 2) et de celui des artefacts (monde 3), il y a les collectivités d’individus en réseau, aujourd’hui « augmentées » par les technologies de l’information et de la communication qui nous interconnectent en temps réel dans une sorte de monde 4.

Concrètement et métaphoriquement, l’humanité est en train de réaliser quelque chose qui est de l’ordre d’une nouvelle émergence complexe. Francis Heylighen, à l’origine du projet Principia Cybernetica, parle de la création d’un cerveau planétaire. Un véritable système-monde où le monde social de la communication numérique interagit avec le monde subjectif et celui des artefacts, fournissant ainsi un cadre théorique clair, simple, évolutionniste et pratique qui permet d’observer et de « codesigner » les « Bas » virtuels ou réels du futur.

Découvrir : Vous dites que la communautique, c’est la science appliquée de l’analyse du design des communautés en ligne; pouvez-vous préciser?

Pierre-Léonard Harvey : Dans ce « quatrième monde », celui des systèmes sociaux technologiques, on voit poindre une forme de pensée, le « design science » ou design thinking, qui permet d’agir sur les mondes futurs. Une pensée habituellement associée aux innovateurs, aux ingénieurs, aux architectes, aux créateurs publicitaires, et qui aujourd’hui affecte le monde de la création technologique à travers l’informatique sociale (Rob Kling), ce que nous appelons la cornmunautique. Mais le design, c’est beaucoup plus que l’esthétique et la conception de formes, c’est aussi produire un ordre nouveau. Le geste du designer, c’est une action intentionnelle pour changer le monde. Aujourd’hui, on est en train de construire un monde de sociétés virtuelles qu’il est possible de modéliser pour en orienter le futur selon nos valeurs.

Découvrir : Le design serait une forme de raisonnement menant à différentes formes de changement?

Pierre-Léonard Harvey : Comme forme de raisonnement, on a l’induction. Ce qu’on ne comprend pas, on le valide sur le terrain en faisant émerger des données de l’expérience; on parle alors de théorie ancrée, d’empirisme. On a aussi la déduction. On construit des théories qui expliquent le monde. À moitié fausses, à moitié vraies. Des théories qui, paradoxalement, sont là pour être invalidées la plupart du temps. Mais on néglige souvent l’abduction, un troisième processus mis en évidence au 19e siècle par le philosophe Charles Sanders Peirce : penser aujourd’hui des systèmes qui nous seront favorables demain. Proposer un événement, une situation ou une institution qui n’existe pas. Et c’est là où je place le design : selon une prospective de la complexité, un technoimaginaire.

L’orientation du futur, comme tout design, doit découler d’une ‘axiologie, soit d’une table des valeurs où l’on peut poser, par exemple, que le rôle des humains, c’est d’essayer de faire un plus- être pour tous, de ramener les exclus, etc. Et là, nous avons besoin de plus qu’une réforme sectorielle ou d’une ontologie positiviste. Il faut inventer. Il faut ajouter la créativité à l’analyse. Elle est une des conditions fondamentales de l’émergence d’une forme éthique d’intelligence collective planétaire.

Buckminster Fuller, le grand architecte, voulait mettre le design au service de l’humanité et Herbert Simon, Prix Nobel d’économie, disait : sont designers ceux qui sont inconfortables avec une situation et qui veulent aller vers quelque chose de phis satisfaisant. Éthiquement, émotivement, esthétiquement ou opérationnellement. Et quand on relit leurs travaux, c’est de l’amélioration du sort de l’humanité dont il est question, pas seulement de design de draperies ou d’ordinateurs.

Découvrir : Comment appliquez-vous cette notion de design aux sciences sociales?

Pierre-Léonard Harvey : En prenant comme exemple la recherche-action ou les stratégies de recherches qualitatives orientées vers la participation/collaboration, je suis capable de faire comprendre à mes étudiants qu’ils sont des designers, et ce, chaque fois qu’ils produisent une recherche où l’objet, le questionnement et les résultats sont coconstruits avec toutes les parties prenantes de cette recherche, et que par ailleurs tous et toutes – acteurs, experts, citoyens – collaborent à une intervention visant un changement social démocratique, à un plan marketing ou à une intervention culturelle.

Par cette approche, les chercheurs participent directement au changement. Selon un des pionniers de l’informatique sociale, Rob Kling, les sciences sociales joueront dans le futur un rôle central dans le design des nouveaux réseaux sociaux, en éclairant, par exemple, la relation rétroactive entre société et technologie. Cette relation ne se restreint pas au fameux déterminisme technologique sur lequel a tellement insisté la science sociale contemporaine (monde 1). L’humain détermine aussi la technologie. Cette prise de conscience engendre un véritable tournant communicationnel dans le design des systèmes sociaux virtuels.

Découvrir : Comment peut-on réussir ce design?

Pierre-Léonard Harvey : Pour réussir le design des systèmes sociaux technologiques, je vois trois conditions. D’abord, une approche transdisciplinaire comme base de travail pour aborder cette complexité, mais aussi comme une obligation morale de briser les silos dans lesquels on s’est littéralement enfermés dans nos propres universités… Une transdisciplinarité bien orchestrée, cependant, où le rôle de chacun est bien évalué. Les outils collaboratifs du Web 2.0 peuvent jouer là un rôle moteur sans qu’on sombre dans l’enthousiasme béat.

On a besoin aussi d’une proposition éthique forte. Il faut diriger les affaires humaines de manière telle qu’un futur soit encore possible pour l’espèce. Pour ce faire, il faut aller au-delà des procédés de prospective habituels où l’on essaie de contrôler tous les facteurs de manière linéaire : par exemple, si on a une situation au temps Ti, elle pourrait évoluer de telle manière dans un temps T2, etc. Pour échapper à cet impossible, on pense de plus en plus en termes de semailles, de seeding selon les mots de Gerhard Fischer, le grand spécialiste américain de la créativité sociale dans les communautés de pratiques virtuelles. On sème des valeurs et des actions pour orienter le changement évolutif de certains systèmes sociaux qui semblent dorénavant se développer contre l’humain, comme certaines bureaucraties ou structures gouvernementales bâties sur des modèles qui datent du 19e siècle.

La troisième condition, c’est de poser les bases d’une participation évolutive. Les usagers ne vont pas devenir du jour au lendemain des superdesigners engagés dans le changement social. Ils doivent cependant entrer dans un processus d’apprentissage pour le devenir, par l’éducation et la formation à tous les cycles du parcours éducatif. On ne pourra pas faire évoluer le monde de façon consciente selon notre table des valeurs si on ne forme pas les étudiants à saisir l’ensemble des quatre mondes, à synthétiser à l’aide des nouveaux outils. Il faut concevoir une véritable société d’apprentissage et du design.

Découvrir : Vous avez écrit que l’espace-temps communautique mondial disqualifie « les distances et la durée au profit d’un territoire abstrait où les activités humaines se vivent dans des espaces mentaux dans des durées infinitésimales ». On est donc en train de débarquer sur une autre planète…

Pierre-Léonard Harvey : Les enfants du Web social, nos étudiants, n’habitent

plus les mêmes territoires que nous. Bien sûr, ils vivent toujours dans des espaces physiques, des maisons, des pays. Mais ils évoluent dans des espaces « sémiologisés » de plus en plus médiatisés par la technologie, dans des univers d’une communication numérique dont nous devrons définir le domaine et le programme dans les années à venir. Leurs nouveaux univers sont issus des dernières connaissances, de la culture participative et de la créativité en réseau, de la simulation des phénomènes complexes, et d’organisations transformatrices et génératrices de compétences collectives et d’innovations massives.

Les technologies de la communautique ont un impact majeur sur nos vies, sur notre pensée, et beaucoup de chercheurs, dont je suis, se demandent si la culture participative qui en émerge peut être harnachée pour le bien de l’humanité.

En fait, Internet n’est pas un média, mais une écologie systémique et cornmunicationnelle. Ce collectif d’outils qu’on trouvait sur des supports séparés à l’époque des premiers micro- ordinateurs fait maintenant naitre un nouveau monde de créativité et s’écrouler un ancien monde d’observation et de critiques passives.

L’avènement de ce continent inédit est une occasion, celle d’une nouvelle conception de la science sociale. Une sur-modernité, dirait Georges Balandier, qui assure l’expansion des « Ba », des communautés virtuelles, souvent aux dépens de l’idée même de ce que nous définissions comme le lieu, la place, le territoire.

Ces nouveaux réseaux sociaux sont un véritable laboratoire planétaire. Une expérimentation grandeur nature, à des échelles encore jamais vues. Pourquoi, en l’état actuel de nos connaissances, les sciences sociales laisseraient-elles la modélisation et le design des nouveaux mondes aux sciences dures, aux militaires et aux gouvernements?

La modélisation est une phase très importante du design des systèmes sociaux. Elle permet de créer des communautés artificielles, de stimuler des pandémies, des mouvements sociaux, des projets à vaste échelle, etc. Les sciences sociales peuvent alors aller au-delà de l’analyse et de l’observation, qui surviennent trop souvent après que le phénomène a eu lieu, et contribuer ainsi orienter à l’action.

L’itération en sciences sociales est l’une des dynamiques de design soutenue par la modélisation des systèmes complexes. Soit une séquence d’opérations que l’on reprend en l’améliorant à chaque tour, à la manière d’une spirale qui revient sur les lieux sans se répéter. On modélise, on implante et valide, puis on réanalyse, on remodélise… Cent fois, cent fois sur le métier… On peut créer un modèle avec de multiples boucles de rétroaction à différentes échelles, car à chacune des étapes, il y a des rétroactions multiples. Il ne s’agit pas seulement d’une grande séquence d’actions linéaires qui ne reviendrait qu’une seule fois dans un cycle de transformation sociale.

Cela permet de prototyper plutôt que d’impliquer des milliers de gens dans une expérience mal simulée, mal contrôlée. Le chaos médiatique actuel en Haïti et les vastes problèmes reliés à la reconstruction du pays dans les prochaines années ne me semblent pas relever exclusivement des sciences de l’ingénieur, mais d’une science générique du design communicationnel et de la planification des systèmes sociaux complexes. Étant donné la taille de nos sociétés et la force des technologies, cette planification permet de réduire les risques. Il existe plusieurs dizaines de logiciels de simulation sociale à code source ouvert. De même, nous découvrons des dizaines de nouveaux outils de visualisation des systèmes sociaux complexes, outils que nous allons étudier et utiliser pour nos recherches dans les prochaines années.

LES SCIENCES SOCIALES JOUERONT DANS LE FUTUR UN RÔLE CENTRAL DANS LE DESIGN DES NOUVEAUX RÉSEAUX SOCIAUX, EN ÉCLAIRANT, PAR EXEMPLE, LA RELATION RÉTROACTIVE ENTRE SOCIÉTÉ ET TECHNOLOGIE.

Découvrir : Vous dites que l’on peut aussi modéliser les conversations…

Pierre-Léonard Harvey : La science, comme tous les designs, commence par une conversation, du type « si on pensait ce phénomène différemment », si on faisait cet objet autrement », « si on modifiait un processus… ». Tous les jours, on réfléchit en conversant sur la manière dont les choses pourraient être différentes. On oriente ainsi le monde à coups de valeurs, de réflexions, de mots, de paroles. Or, la nouvelle pensée du « design communautique et communicationnel » se construit autour de l’idée de conversation en ce sens qu’a travers la communication et le dialogue, on réalise de nouvelles manières de faire et d’agir sur le monde. Le discours du design est riche, soutient Klaus Krippendorff, et il est coconstruit par le langage et la conversation.

Les pratiques discursives et les conversations peuvent être captées et visualisées avec les nouveaux outils du Web social. C’est la communication des nouvelles idées au sein des équipes, en particulier la nature conceptuelle et diagrammatique du design, qui nous invite à être sensible aux phénomènes de médiation, di de copartage et de coconstruction des connaissances. Le design conversationnel pourrait ainsi trouver une place de choix dans la rhétorique du changement transformationnel, de même qu’au sein d’équipes collaboratives comportant des chercheurs des sciences dures.

Des collègues à l’international comme Brian Whitworth, en Nouvelle-Zélande, ou Aldo De Moor, aux Pays- Bas, disent que la conversation peut être captée par des logiciels. Ceci n’est pas à proprement parler nouveau. Ce qui l’est davantage, c’est que les outils collaboratifs récents permettent de formaliser l’évolution des communautés virtuelles en tant que processus conversationnel favorisant l’identification des normes de la communauté, la distribution des rôles dans l’implantation, la spécification des responsabilités, des standards pour le suivi, etc. Les obstacles ou les tensions qui émergent chi design d’un système social comme une communauté virtuelle, peuvent être non seulement captés, mais aussi rendus visuellement pour favoriser des représentations communes des produits et des services à bâtir. Tout ceci n’est pas qu’affaire d’informatique, mais également de sciences sociales et communicationnelles.

Une nouvelle « science de la communication numérique » est en train de naître de cette capacité à visualiser la conversation. On peut ainsi analyser la performance d’un réseau social en visualisant la quantité et le type d’échanges, tout comme la modélisation météorologique permet de voir évoluer les changements climatiques. On peut alors obtenir une cartographie générale des réseaux, mais aussi calculer sa dynamique, ses liens faibles et forts, par exemple. Dans les réseaux sociaux, on pourrait même voir évoluer une opinion, une culture, une civilisation, à travers un outil de visualisation 3D complètement abstrait grâce à l’usage de la couleur, des formes, du mouvement.

Il faut cependant avoir en tête sa table des valeurs, car ces outils peuvent être détournés. On n’a jamais détenu autant de possibilités de capter la rumeur du monde, mais cette possibilité peut éventuellement être mise au service de pouvoirs mal intentionnés. Pour cette raison, je pense que de s’approprier cette conversation avant qu’elle ne soit prisonnière de tous les nouveaux pouvoirs quels qu’ils soient, c’est un devoir des sciences sociales.

L’intelligence collective qui émerge du réseau des réseaux est en train de révolutionner la manière même dont on produit les connaissances. Depuis le Moyen Âge, l’université est le garant des connaissances savantes, mais avec des outils comme Wikipédia, la production des connaissances peut se faire désormais hors de cette institution. De plus, on trouve des savoirs courants produits par les communautés virtuelles qui se réunissent autour d’un concept ou d’un mot et qui, par itérations successives, produisent de nouveaux savoirs reconnus par les communautés humaines.

Le phénomène wiki déplace le savoir universitaire à l’extérieur de l’université et Google unifie toutes les universités du monde. Aussi, plusieurs institutions européennes sont en train d’évaluer comment Wikipédia déplace la gouvernance des nations. On n’est pas juste en train de dire qu’une équipe d’étudiants sympathiques avec des pantalons à pattes d’éléphant sont en train de fabriquer quelque chose sur Facebook ou YouTube! On parle ici de la connaissance qui tout à coup vient des réseaux virtuels, au lieu de sortir de la bibliothèque, et d’une nouvelle appropriation sociale de l’information. Cette force-là qui rejoint des millions de personnes, à faible coût et à grande vitesse, peut contribuer au devenir de nos sociétés. Voilà la nouvelle économie de la connaissance, qui oscillera sans doute encore longtemps entre l’émergence d’une démocratie réellement participative et la menace d’une société régalienne qui préfère la norme au détriment de la créativité des êtres.

Découvrir : Votre réflexion, on le sent, est bien loin de n’être que théorique, et votre concept de «  design » est d’abord un concept d’action.

Pierre-Léonard Harvey : Ce principe d’action est d’autant plus important qu’il y a urgence. Je pense que le nouvel équilibre du monde ne peut passer que par l’action sur ce monde. L’évolution consciente de l’humanité est maintenant une question de survie de l’espèce.

L’alarme est donnée. On le sent dans notre culture accélérée, qui demande une adaptation continuelle. C’est difficile, on le perçoit… On voit beaucoup de gens en burn-out, sous tension psychologique, parce qu’ils ont incorporé cette culture de l’urgence clans leur vie quotidienne comme une fatalité.

Tous les nouveaux outils de communication servent à quoi? À augmenter la performance, la production, les profits… alors que les écosystèmes sont au bord du précipice?

À force d’analyser le monde, disait Hegel, on le perd. L’idée… séduisante, c’est de penser qu’on peut non seulement analyser le monde, mais également s’approprier les choses, au lieu de se laisser exproprier par elles. Former les jeunes à être des designers du futur, leur enseigner les habiletés à créer dès le primaire, voilà le défi qui devrait nous motiver. L’enseignement du design communautique dans nos sociétés, c’est mettre en place une sorte d’« utopie réalisable » par l’appropriation des moyens de la communication numérique préoccupée par la création d’un futur meilleur pour nous tous. C’est juste ça, mais c’est tout ça. Non pas seulement une société de l’information que l’on observe, mais une société de communication qui laisse place à d’autres explorations, une société du design, un nouvel âge des découvertes.

FORMER LES JEUNES À ÊTRE DES DESIGNERS DU FUTUR, LEUR ENSEIGNER LES HABILETÉS À CRÉER DÈS LE PRIMAIRE, VOILÀ LE DÉFI OUI DEVRAIT NOUS MOTIVER.

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